Dans les quatre sites sélectionnés par le projet de suivi et d’évaluation des déchets marins, à savoir Sainte-Marie, Nosy Be, Toliara et Fort- Dauphin, deux stations d’étude ont été identifiées : une plage habitée et une plage inhabitée. La finalité est d’apporter pour la première fois la caractérisation et l’identification des déchets marins à Madagascar. Les résultats permettront d’agir à toutes les étapes du cycle de vie des objets : production, transport, consommation et gestion des déchets.
Le rapport des activités réalisées pendant la première phase du projet de suivi des déchets marins, allant de mai à décembre 2019 sur les quatre sites, a montré qu’une étude de l’accumulation des déchets a été effectuée pendant 10 jours consécutifs sur les plages habitées et inhabitées. A l’île Sainte Marie, les analyses ont apporté les premiers résultats sur la côte Ouest de l’île, sur des plages urbanisées, montrant que la majorité des déchets étaient principalement des emballages plastiques. Tandis que sur la côte Est de l’île, comme les résultats de la première étude réalisée en 2018 (Thibault et al. 2018), la majorité des déchets provenaient des produits d’Asie du Sud-Ouest. Pour le cas de Nosy be, dans la partie Nord-Ouest de Madagascar, les résultats ont montré que les plages urbanisées ont nettement plus de déchets que la plage inhabitée. L’observation des marques a montré que la majorité des déchets étaient principalement des bouteilles en plastique.
Les résultats sont pareils pour Toliara, montrant que la majorité des déchets sur les plages inhabitées sont des textiles, principalement des bouts de moustiquaires. Sur les plages urbanisées, les résultats montrent que la majorité des déchets étaient principalement des emballages et des bouteilles en plastiques. Et enfin à Fort-Dauphin, les résultats montrent une similarité par rapport aux types de déchets observés à Sainte Marie. Toutefois, les déchets en provenance de Madagascar restent majoritaires. Néanmoins, parmi les producteurs de chaque marque de déchets collectés figurent les produits de l’Indonésie, de Coca Cola Company, de Thaïlande, de la société JB et Nutrivit de Madagascar. Il est important de souligner qu’afin d’obtenir des résultats plus robustes, cette mission de suivi des déchets marins sera reconduite à partir du 21 mars au 16 avril prochain pour consolider ces résultats et pour étudier la variabilité des courants océaniques sur l’apport maritime des déchets côtiers.
Sensibilisation au programme
Avec le soutien de Western Indian Ocean Marine Science Association (Wiomsa), à Madagascar, le projet est mené conjointement par Cétamada (Association malgache pour la conservation des mammifères marins et des habitats marins dans l’Océan Indien) et CEDTM (Centre d’Etude Des Tortues Marines à La Réunion) qui soutient un projet de thèse de l’Université de La Réunion. Aucune étude n’a encore été réalisée sur les déchets marins, exceptée celle réalisée à l’île de Sainte Marie (Nord-Est de Madagascar) dans le cadre du stage de Master 2 de Margot Thibault (Université de La Réunion) en 2018. Ces données représentent les seules informations disponibles sur les déchets marins le long des côtes malgaches.
Des programmes de sensibilisation ont été réalisés sur chaque site. L’objectif étant de sensibiliser les producteurs et consommateurs sur la problématique des déchets. Les écoles ont été prioritaires dans le cadre de ce programme. Trois sujets principaux ont été abordés pendant les séances de sensibilisation : les mammifères marins, les menaces et pressions sur la biodiversité marine et la présentation du projet suivi et évaluation des déchets marins.
La pollution marine est un phénomène mondial grandissant constitué jusqu’à 80% de déchets plastiques. Le plastique constitué de polymères organiques synthétiques est innovant de par sa légèreté, son prix et son imperméabilité. Il est de ce fait devenu un produit incontournable dans le milieu de l’industrie. Toutefois, le plastique impacte de plus en plus l’environnement marin et terrestre en tant que contaminant, et à plus grande échelle impacte la santé de la population humaine.