“Roadtrip” sur Tolagnaro

Tolagnaro ou Fort-Dauphin se trouve à l’extrême Sud de Madagascar, à plus de 1000 km de la capitale Antananarivo. C’est un lieu touristique très prisé, mais devenu une source minière d’Ilménite exploitée par une société étrangère, le RioTinto ou QMM. Cette dernière essaie de moderniser la ville avec ses moyens financiers, mais dommage! Il n’y a pas d’impact pour changer la pauvreté de la population. Et Tolagnaro semble être isolée avec ses plages exceptionnelles et de son paysage verdoyant.

On quitte la RN7 sur le Plateau d’Ihorombe après la ville d’Ihosy pour emprunter la RN 13. En ce moment, il est interdit de rouler la nuit à cause des “dahalo” (bandits des grands chemins) et les voitures et les cars-brousse sont contraints d’attendre les consignes de la Gendarmerie qui organise la sécurité jusqu’à Ambovombe. Des éléments armés escortent ainsi le convoi des voitures. La route est très difficile, en très mauvais état. Le Président de la République Andry Rajoelina a promis qu’il ne ferait plus de la poltique si cette route ne serait pas faite en 2023. Mais, en cours de route, on constate qu’il n’y aurait rien, aucun engin, pas de plaque, rien. Le désespoir remplit les esprits des voyageurs, fatigués de franchir des dizaines de kilomètres pleins de trous et caillouteux. La peur se lisait sur les visages en écoutant les épisodes des attaques des “Dahalo”.

Dahalo

On traversait de petits villages composés d’une dizaine de maisons en terre et des toits en tôle. Quelques femmes et enfants vendent des petits poissons frits et du manioc; quelquefois des fruits. La survie… Mais c’est rare qu’on voit des hommes. Bizarre! Le trajet Ihosy-Betroka se fait en 6 heures de temps avec beaucoup de poussière. Puis, on continue vers Isoanala. A partir de là, on constate qu’il y a une vie. Les gens cultivent et élèvent des animaux. Isoanala est une localité vivante où des gens issus de diverses régions se côtoient. Le commerce va bon train et on s’échange les produits. La musique locale donne de l’ambiance pour la nuit tombante.

Le lendemain, la galère commence pour joindre Beraketa. Une cinquantaine de kilomètres à faire pour 3 heures. Le paysage est sec et on a l’impression qu’il n’y a plus de route car on suit des pistes caillouteuses. On aurait du mal à construire une route sur cette portion, avec un relief difficile. La rivière Menakopy, avant l’entrée de Beraketa apparaît comme un sauveur. On se lave, on se rince le visage et on repart. Nous traversons le long du village qui a changé d’apparence avec ses nouvelles bâtisses pour atteindre dans quelques heures, Antanimora. C’est la terre natale de Latimer Rangers, ancien journaliste-reporter de la RNM, et ex-ministre de la Communication du temps de Zafy Albert. Un air de développement se fait sentir à Antanimora, mais les gens ne discutent pas trop. Le temps d’un café, et voilà que la caravane se dirige vers Ambovombe. Le paysage typique du”bush” sort de la terre et les “Didieracae” pointe le ciel. Une belle végétation avec les cactus et le sisal, sans oublier le “Kily”.

Et Ambovombe est là avec ses “projets présidentiels”. On achète encore l’eau malgré tout. Un changement réel est constaté concernant l’aspect de la commune urbaine. Nous pensons que le “kere politique” a disparu. Le marché de zébus est rempli de gens, qui apparemment achètent et vendent leur bétail. La richesse est là, et on ne parle plus de “Dahalo”.  La piste continue vers l’Ouest à partir d’Amboasary. Une autre galère attend les voyageurs car l’état de la route est extrêmement mauvais. C’est l’entrée à Tolagnaro. Personne, même ceux qui pensent développer la région minière, a délaissé la réhabilitation. 6 heures de galère!

Mais l’arrivée à Tolaganaro a changé l’ambiance. La ville semble être un havre de paix avec des quartiers rénovés et modernes. Mais la pauvreté se montre dans les zones environnantes. “C’est QMM qui a façonné cette ville” déclare un natif de la région, mais il semble qu’il veut parler beaucoup de la société minière. Les plages sont aménagées, surtout à Libanona. Le port d’Ehoala est une fierté dit-on, « majestic » et mystérieux. Personne n’y est entré car c’est interdit. Les riches touristes occupent les grands hôtels de luxe et vont dans les plages de Sainte-Luce et les autres baies exceptionnelles. Quoi qu’il en soit, la vie est chère à Tolagnaro. Nous avons pu assister à un championnat de Basket-ball U-16. On n’a rien vu car les matches se déroulaient sur un terrain privé, en attendant un stade couvert “manara-penitra”.

10 BACS

Il faut penser au retour, mais cette fois-ci, nous allons prendre le littoral Est et joindre la capitale par Manantenina, Vangaindrano, jusqu’à Manakara, puis la RN 7, à Alakamisy-Ambohimaha. Au départ de Tolagnaro, tout semble bien jusqu’à Mandena. Puis après, c’est la nouvelle galère avec une piste jamais réparée. La société minière n’a rien fait pour cette portion. Et voilà les dix bacs jusqu’à Vangaindrano. Parmi les dix, trois sont motorisés, et le reste tiré par câble, à la main et aux bras. La plupart des jeunes y travaillent et demandent un peu d’argent, malgré la gratuité des passages. On ne peut pas voir la pauvreté de ces gens qui y travaillent. L’espoir de voir une belle route se sent, car des annonces publicitaires sont plantées partout. Espérons!

L’arrivée à Alakamisy-Ambohimaha marque l’approche de la capitale, à moins de 400 kilomètres d’Antananarivo. Mais ce fut une aventure sans précédente, à l’aller comme au retour. Madagascar possède des potentialités touristiques énormes. Une richesse qui demeure inexploitée mais exploitable pour le développement touristique, source de devises étrangères et des opportunités pour la population en matière d’emplois et pour le développement de l’économie du pays en général.

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