Le respect de la Constitution, la neutralité de l’Administration, l’égalité des chances, ainsi que la transparence du processus sont exigés pour la tenue d’une élection libre et acceptée par tous. Personne ne conteste la tenue de l’élection présidentielle à la date fixée au 9 novembre prochain pour le premier tour, mais ces conditions ne sont toujours pas réunies.
C’est donc à juste titre que les onze candidats qui se sont rassemblés dans un collectif l’ont vivement dénoncé, pour faire entendre à qui de droit et particulièrement aux citoyens-électeurs, que les choses doivent être remises aux normes avant la tenue de cette élection.
Ils ont alors pensé à une rencontre de sensibilisation de la population d’Antananarivo, pour ce vendredi 29 septembre 2023 au palais des Sports de Mahamasina. Toutes les démarches nécessaires ont été effectuées, notamment le dépôt d’une demande d’autorisation de la rencontre auprès de la Préfecture de Police de la capitale, après avoir contacté auparavant les responsables dudit palais, lesquels ont assuré que le site demandé est libre au jour de ce vendredi.
Mais voilà que, subitement, lesdits responsables ont fait part d’un refus d’occupation du palais en raison d’un autre événement sportif qui aurait été programmé bien avant la demande du collectif. Chose curieuse, car ce ne serait qu’une simple manœuvre… difficile à croire en tout cas. Et visiblement devancée par cette annonce, la Préfecture de Police a aussi vite trouvé l’excuse qu’il lui fallait pour refuser l’autorisation demandée.
Le culte de la lèche
Néanmoins, le collectif ne désarme pas et réfléchit actuellement à une autre stratégie pour faire entendre sa voix sinon ses revendications. Sa rencontre d’hier avec les émissaires des Nations Unies en est déjà une. Ces derniers ont été mis au parfum des choses, notamment en ce qui concerne les violations de la Constitution par la Haute Cour Constitutionnelle (HCC). Des violations considérées comme infondées par les tenants du pouvoir et autres esprits habitués à la culture de la lèche, et qui se réfugient derrière les décisions dites « irrévocables » de la HCC.
En tout cas, en l’état actuel des choses, il n’est plus question d’aller muscler cette langue de la lèche. Beaucoup de gens se sont déjà préparés à ladite rencontre de ce vendredi au palais des Sports. Leur engouement ne fait aucun doute, car ils veulent savoir et entendre ce que vont dire ces candidats du collectif.
En attendant, l’on ne devrait pas s’étonner de voir les éléments des forces de l’ordre qui vont quadriller Mahamasina et ses alentours, voire jusqu’à la place du 13 mai et d’autres quartiers sensibles… comme ils l’ont toujours fait. Ce n’est pas nouveau, et l’on dira même que la population d’Antananarivo y est déjà habituée.
Mais les humeurs étant changeantes, des échauffourées risquent de survenir à tout moment. Et l’apaisement recherché sera compromis par cette présence des forces de l’ordre qui s’apparente à une sorte de provocation de la population. Car certains éléments zélés de ces forces de l’ordre pourraient être tentés de déclencher par eux-mêmes les hostilités envers la population… pour (encore une fois) faire la lèche de leurs commanditaires. Alors que cela n’a rien à voir avec ces violations de la Constitution dénoncées par le collectif des onze candidats.
Ça risque de barder à cause de tous ces esprits zélés et tous ces lèche-bottes !
