Tous nos responsables étatiques et de surcroît nos politiciens, sans exception, manquent crucialement d’honnêteté intellectuelle. L’absence de cette qualité morale est indéniable et les exemples ne manquent pas chaque fois qu’il y a un événement officiel (lancement des travaux d’un projet, réception d’une réalisation…).
D’aucuns ignorent que tous les grands projets qui sont financés à coup de milliards d’ariary ont fait l’objet de longues périodes de négociations avec les bailleurs de fonds et de profondes études par les techniciens. Plusieurs années sont nécessaires avant qu’un projet ne soit mis sur les rails.
La reprise des travaux de réhabilitation, le bitumage compris, de la RN 44 en est l’illustration parfaite. On peut être certain que des études ont déjà été effectuées quand la compagnie malaisienne Ho Hup s’est vu attribuer le marché dans les années 2000. Mais les travaux déjà entamés à cette époque ont été finalement abandonnés du fait que le gros de ses matériels n’a pu être acheminé à Madagascar pour une raison ou une autre. Mais quoi qu’il en soit, les travaux actuels ont dû tenir compte des études préalablement effectuées.
Or, de mémoire d’homme, jamais, aucun des dirigeants et hauts responsables étatiques qui se sont succédé n’a eu l’honnêteté intellectuelle de reconnaître publiquement que le projet dont il est question, a été, le cas échéant, initié par son ou ses prédécesseurs. Pourtant, si les prédécesseurs ont initié le projet, sa réalisation finale est toujours attribuée au(x) dirigeant(s) du moment. Et le fait de le dire et de le reconnaître ne diminue en rien de l’intérêt de sa réalisation pour la population qui bénéficie des bienfaits apportés par le projet et l’honneur en reviendra toujours aux dirigeants qui sont en place.
Autre signe caractéristique des politiciens malgaches : le dénigrement systématique de tout ce qui a été fait et réalisé par leurs prédécesseurs. A croire que ceux qui ont été là avant eux n’ont rien fait. Et pourtant, si c’était vraiment le cas, nous n’en serions pas là où nous sommes aujourd’hui. Qu’on le veuille ou non, chaque dirigeant au pouvoir a toujours apporté quelque chose. Et c’est le cumul de ces contributions – certains ont beaucoup fait et d’autres moins – qui marquent l’Histoire d’un pays.
Dans cette logique des politiciens, il n’est pas étonnant que, systématiquement, tout projet ou initiative relevant de leurs prédécesseurs soit toujours rejeté ou ignoré par les décideurs du moment, quelles qu’en peuvent être les conséquences financières et sociales. Dans ces conditions, on ne peut pas s’attendre à ce qu’il y ait un réel développement continu dans le pays car tout est toujours à remis à zéro. Le concept de « continuité de l’Etat » est une coquille vide à Madagascar.
Et pour toutes ces raisons, nombreux sont les bons projets qui ont été abandonnés, laissés dans les oubliettes alors que les impacts auraient été bien favorables à beaucoup de personnes et cela pour la seule raison que ce sont les autres qui les ont initiés ou conçus.
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