A 5,49 euros le kilo du litchi de Madagascar vendu dans les supermarchés français (voir photo), c’est devenu un produit de consommation de luxe ! Toutefois, sa qualité n’est pas à la hauteur de son prix.
Quand on regarde d’assez près la photo, un constat s’impose : la qualité du produit laisse à désirer. Soit le fruit a été cueilli pas assez mûr, soit le traitement au soufre a été excessif car il présente un aspect de dessèchement avancé et sa couleur vire plutôt au jaune au lieu d’être rouge. Ce qui pourrait discréditer un des produits phares du pays à l’exportation.
Pourtant, tout aurait été fait pour que la campagne 2019 se réalise dans les meilleures conditions. Le ministère de tutelle (ministère du Commerce) a été à l’œuvre depuis le début de la campagne pour la vérification et le contrôle des installations requises pour le traitement des litchis (installation de soufrage) avant leur embarquement.
Cette démarche aurait visé à maintenir la qualité des produits exportés de manière à ce que ces derniers répondent aux normes exigées par les importateurs. Cette action devrait permettre en principe d’éviter le retour des expéditions pour insuffisance de qualité. Ce qui pourrait occasionner de graves pertes pour le Groupement des Exportateurs de Litchi (GEL) qui exporte plus de 90% du litchi de Madagascar vers 2 importateurs européens.
On peut se demander si les 17 500 t de litchis prévus d’être exportés pour la campagne 2019 sont tous du même prix sur les étalages des supermarchés français. Le cas échéant, les exportateurs auront réalisé une marge importante nonobstant tous les frais d’approche et de conditionnement avec environ 2 000 ariary (environ 50 centimes d’euro) le prix d’achat du kilo aux producteurs pour les produits destinés à l’exportation. Ceci explique la ruée des producteurs vers les collecteurs travaillant exclusivement pour un seul exportateur car sur le marché local, le kilo de litchi se vend autour de 500 Ariary.
En effet, généralement, tous les exportateurs s’accordent entre eux sur un même prix aux collecteurs. Et le fait de fixer collectivement les prix d’achat entre exportateurs est susceptible de restreindre la concurrence sur les marchés et donc de nuire aux revenus des agriculteurs.
Avec une telle marge, il n’est pas étonnant que le Groupement des Exportateurs de Litchi (GEL) soit aussi exigeant derrière la pseudo protection de la qualité. Le volume des exportations étant convenu entre le GEL et les 2 importateurs et est réparti entre les membres du GEL (application du système de quota des exportations). Les opérateurs qui ne font pas partie du GEL ou les membres du GEL qui auraient tenté de dépasser leurs quotas officiels se verraient interdire d’expédier leurs biens au port.
