CRISE DU COVID-19 Une occasion de renforcer la production interne, selon le CREM

S’exprimant sur la situation qui prévaut actuellement dans le pays, notamment par rapport à la crise sanitaire du covid-19, le Cercle de Réflexion des Economistes de Madagascar (CREM) a fait part de ses idées et vues, lors d’une conférence de presse qu’il a donnée ce matin à Antsahavola.

Par la voix de son président, David Rakoto Olivaniaina, le CREM avance ainsi ses propositions « pour éviter une profonde récession économique qui pourra anéantir les efforts de développement déjà entamé selon le Plan Emergence de Madagascar ».

Il s’agit principalement de :

  • Renforcer les mesures fiscales pour les entreprises les plus touchées par cette crise sanitaire. Cela peut prendre plusieurs formes comme une baisse des taxes, un crédit impôts ou un délai de grâce afin de permettre aux entreprises de dégager des liquidités ;
  • La création d’un fonds pour aider le secteur privé. Une partie de ce fonds peut provenir de la Banque centrale sous forme d’une avance au Trésor public (des bons de trésor mis à disposition de la Banque centrale), afin d’attribuer des marchés publics (dans des secteurs productifs) aux entreprises privées performantes. Des critères de performance seront alors exigés aux entreprises participantes avec des sanctions en cas de défaillance. L’objectif étant de sauver les emplois déjà existants et de créer de nouveaux emplois ;
  • Revoir le financement des entreprises avec pour objectif la baisse du taux d’intérêt jusqu’à 10% au maximum (taux bonifié) ;
  • D’apporter un soutien plus prononcé aux PME/PMI à travers la création d’une banque d’Etat qui leur serait dédiée où le taux serait subventionné. Le capital de cette banque serait constitué entre autre par les « épargnes dormantes » comme l’argent de la CNaPS, des sociétés d’assurance à participation étatique,… pour soutenir les entreprises.

Une mobilisation vigoureuse

Le CREM note également que la mobilisation vigoureuse du pays vers un objectif de développement effectif est aussi nécessaire à moyen et long termes. A cet effet, il préconise toute une série de mesures comme une prise d’initiative nationale, systémique et financière. Chaque élément de la société (instances officielles, opérateurs économiques, sociétés civiles, universitaires, politiciens…) devra être responsabilisé, et toutes les mesures économiques et extra-économiques (structurelles, sociales, institutionnelles, culturelles…) pouvant accompagner cette mobilisation devront être initiées.

Sur la base de la nouvelle banque de développement, il importe d’encourager les créations de sociétés variées avec comptes ouverts auprès de la banque commerciale.

Les instances dirigeantes devront prendre conscience de l’importance des politiques financière, monétaire et budgétaire prudentes. Mais politique budgétaire prudente ne devrait pas signifier équilibre budgétaire tous les ans ; des politiques anti-cycliques sont plus efficientes et soutenables.

L’exercice du pouvoir régalien de création monétaire car les dispositions du système financier international ne fonctionnent pas bien, l’aide publique internationale est insuffisante, et notre pays reste coupé des flux financiers privés. Les dispositions internationales actuelles sont asymétriques en ce qui concerne les mouvements de capitaux et du travail.

Ouverture t de recherches et d’ateliers variés

Pour ce qui est du budget de l’Etat, il faut l’augmenter jusqu’à environ 40% du PIB (moins de 20% actuellement), financé à titre principal non par les impôts, mais par un choix financier dynamique, déficits financés par des méthodes multiples de recyclage financier.

Il faut amorcer l’industrialisation tous azimuts : industrie lourde suivant des contions concrètes (expérience du Japon).

Les activités de recherche devront par la suite être vigoureusement soutenues par l’ouverture d’instituts de recherche et d’ateliers variés. Un accent particulier est à mettre sur l’électronique et l’informatique. La formation, la mobilisation et la responsabilisation systématique des chercheurs ainsi que leur dotation prioritaire de moyens d’initiative sont primordiales.

Pour le  CREM, cet épisode du coronavirus soulève la nécessité pour le pays de se constituer des secteurs de souveraineté pour être résilient face à ce genre de crise importée… C’est le moment de renforcer la production interne pour plus d’autonomie.

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