BAIE DE NARINDRA Objet de toutes les convoitises

De par sa situation géographique, des facilités qu’elle offre en termes  de sécurisation portuaire éventuelle et des différentes potentialités en matière de tourisme, la baie de Narindra a fait l’objet de toutes les convoitises. Mais jusqu’à présent, aucun projet n’a véritablement abouti.

La baie de Narindra (on dit aussi Narinda) est une vaste baie de la côte nord-ouest de Madagascar, partie du canal de Mozambique. Sa forme est rectangulaire, parallèle à la côte. Elle mesure approximativement 10km de large sur 45 km de long. Sa profondeur atteint 60 m. Son littoral ouest accueille un camp de pêche et quelques villages de pêcheurs. La zone est très peu peuplée, non accessible par la route et constitue un espace naturel très remarquable dont la protection est nécessaire.

Pour les férus de la géolocalisation, les coordonnées exactes sont : 14° 43’ 57’’ sud, 47° 35’ 54’’ est. Au sud, la baie de Morambe s’ouvre à proximité, mais ne communique pas avec la baie de Narindra. Au nord, l’entrée de la baie appelée rade d’Analalava est encombrée par un certain nombre d’îles et d’îlots dont la plus grande est celle de Nosy Lava (qui bénéficie d’une sordide réputation en ayant abrité les bagnards exilés dans le temps). 

ATOUTS MAJEURS :

La baie de Narindra dispose de plusieurs atouts majeurs qui ont suscité depuis longtemps son exploitation :

  • Situation géographique : proche des principales voies maritimes d’une vaste région maritime. La construction d’un port permettrait d’y accéder. Par ailleurs, elle pourrait servir de base pour une force navale destinée à contrôler la circulation maritime, notamment pour lutter contre la pêche illicite dans cette zone dotée d’un potentiel halieutique non négligeable.
  • Possibilité de construction d’un port en eau profonde offrant toute la protection requise en matière de sécurisation portuaire. Le projet date de l’époque Philibert Tsiranana : Les Sud-Africains s’y étaient intéressés mais le régime d’apartheid de l’époque n’a pas convaincu entièrement le régime en place. Puis ce furent les Japonais, mais le projet n’a pas non plus convaincu. 
  • Tourisme : Le site offre de nombreuses possibilités d’exploitation touristique. Outre le tourisme balnéaire, la pêche sous ses différentes formes est également  possible et pourrait constituer une activité majeure tant pour les touristes de passage (pêche sportive ou pêche au gros…) que pour la population locale. Le village de pêcheurs de Komajara, à l’ouest de la baie de Narindra, est authentique et rempli de charme et non saturé par les bateaux  pétroliers. La baie de Narindra est sillonnée par des boutres, ces bateaux malgaches étant le seul moyen de transport dans cette région isolée. 

DERNIÈRES DONNÉES

Aujourd’hui, les nouvelles donnes maritimes internationales remettent le projet au goût du jour :

Ainsi, lors de la rencontre entre les délégations présidentielles malgache et chinoise le 27 mars 2017 à Beijing (Chine) entre le président Rajaonarimampianina et le président Xi Jinping, la réunion de travail a été  marquée par la signature d’un mémorandum sur l’intégration de Madagascar au sein de la « Ceinture Economique de la route de la Soie ». Six (6) accords ont été signés, dont le mémorandum portant sur l’intégration de Madagascar au sein du programme chinois « Ceinture Economique de la Route de la Soie » et la construction de l’autoroute Antananarivo-Toamasina, et la construction du port en eau profonde de Narindra dans le nord-ouest de Madagascar (baie de Narindra). La question principale qui se pose est : Quid de la suite de ce projet avec les dirigeants actuels? Le projet sera-t-il maintenu et poursuivi ?

Par ailleurs, le projet d’exploitation de terres rares prévue dans cette région risque d’avoir des impacts environnementaux très graves si les travaux d’exploration qui ont déjà débuté aboutissent positivement. Ce projet se situe dans l’extrême nord-ouest de Madagascar, en face de l’île de Nosy Be. Le sous-sol regorge de richesses, en particulier du tantale, un minerai considéré comme une terre rare et utilisé en électronique dans les téléphones portables, les ordinateurs ou les GPS par exemple. On le retrouve aussi dans les missiles, les fusées et les avions grâce à ses propriétés physiques remarquables (résistance à la chaleur et à la corrosion). Dans cette presqu’île, la société allemande Tantalus et sa filiale locale TREM (Tantalus rare earth malagasy) a acquis une concession de 300 km2. Des tests sont en cours et s’ils sont concluants, l’entreprise espère obtenir le permis d’exploitation pour une durée de 30 ans. Mais le procédé d’extraction de ces terres rares est lourd pour l’environnement, alors que la concession est en bordure d’une aire protégée. La proximité d’un port en eau profonde sera un atout considérable.

CONCLUSION

A la considération de ces nouvelles donnes, la baie de Narindra se trouve de nouveau au centre de nombreux intérêts économiques. Mais faut-il savoir si tous ces projets sont compatibles (port, tourisme, extraction et dégagement des terres rares…) et s’ils valent vraiment que l’on sacrifie l’environnement existant.

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