Cette année 2020 est marquée par la grande restructuration au niveau de l’Armée Malagasy. L’appellation CEMGAM (Chef d’Etat-Major Général de l’Armée Malagasy) est devenue CEMA (Chef d’Etat-Major des Armées). Ce changement est expliqué par la création de plusieurs Etats-Majors qui sont l’Etat-Major de l’Armée de Terre, l’Etat-Major de l’Armée de l’Air et l’Etat-Major de l’Armée de Mer, sous le commandement du CEMA.
Les nominations de ces hauts responsables ont été effectuées cette année 2020 et ils ont tout de suite pris leurs services et la remise des drapeaux par le Président de la République a été effectuée le lundi 22 juin 2020. La mise en place de ces Etats-Majors va permettre une plus grande valorisation de ces trois entités qui composent l’Armée Malagasy. Actuellement, donc, ils vont avoir chacun plus de latitudes dans l’exécution des missions qui leur sont confiées. L’ancienne structure de l’Armée n’était plus adaptée à la réalité et le Ministre de la Défense Nationale a félicité le Président de la République pour son audace et sa volonté de procéder à ce changement et pour que ce soit effectif, il leur a également fourni des équipements comme des matériels roulants, volants et navigants.
Actuellement, en pleine urgence sanitaire, l’Armée de Terre est en train de faire ses preuves en contribuant directement dans la lutte contre le coronavirus, effectuant des descentes sur le terrain afin de procéder aux dépistages rapides des cas suspects, probables ou confirmés, avec des personnels de santé et ce, dans toutes les régions concernées par la pandémie. Elle opère activement dans l’application des gestes barrières comme dans les barrages sanitaires.
Dans ce même contexte, l’Armée de Mer a son grand rôle dans la défense et la protection de nos frontières pour surveiller des tentatives d’intrusion. Comme Madagascar est une île, leur tâche n’est absolument pas des plus faciles et c’est une des raisons qui a exigé de la mettre à sa vraie place, car auparavant, on peut dire qu’elle a été mise de côté et mal équipée.
L’Armée de l’Air, quant à elle, s’occupe de l’acheminement des intrants indispensables dans cette lutte et se consacre également à l’évacuation des patients par voie aérienne, grâce aux matériels mis à sa disposition, comme l’avion transporteur de troupes Casa, ou encore les hélicoptères et autres Cesnas, nouvellement octroyés par le Président de la République.
Tous ces événements coïncident, comme par hasard, avec le 60ème anniversaire de l’Armée Malagasy, mais également de l’indépendance de Madagasikara.
C’est la deuxième restructuration que connait l’Armée Malagasy depuis sa création, la première s’étant passée en 1976, aux temps de l’ancien Président Didier Ratsiraka. Ce dernier qui a instauré le régime socialiste a calqué la structure de l’Armée de l’époque à l’idéologie, et malgré les différents changements qu’a connu le pays ou encore les contextes internationaux, la structure de l’Armée Malagasy était restée la même.
La constitution de l’Armée Nationale s’est passée lors de la signature de l’indépendance de Madagasikara, le 26 juin 1960. Une force de 5000 hommes répartis en 2 régiments interarmes est alors constituée avec la gendarmerie.
C’est le 1er septembre 1973 que la prise en charge de l’Armée Malagasy par la République malgache est effective et les dernières unités françaises ont quitté le pays.
À partir de mai 1972, les militaires s’engagent dans la vie politique. Conformément à la nouvelle Constitution de 1975 établissant la République démocratique de Madagascar, le rôle des Forces Armées Malagasy, leur organisation, leurs missions sont révisées. Baptisées « Forces Armées Populaires », elles devaient défendre la Révolution et ses acquis. Un décret du 9 octobre 1976 institue un Ministère de la Défense nommé Ministère des Forces Armées en 1991.
Dans les années 1970/1990, la République démocratique de Madagascar bénéficie du soutien matériel du bloc de l’Est puis de la Russie qui fournit entre autres blindés et avions de combat.
Le changement de régime en 1991 change la donne, les forces armées qui étaient relativement bien tenues jusque-là ne sont plus une priorité. Les équipements n’ont pas été renouvelés, ni entretenus, les pouvoirs civils ont pris de haut les militaires. Ce qui explique en partie la participation d’une partie de ces derniers dans la crise politique de 2009 à Madagascar, car c’est pendant cette période qu’on a vu pour la première fois un civil placé à la tête du Ministère de la Défense Nationale, et de surcroit, c’était une femme ! La participation d’une partie de l’Armée à cette époque a pu faire aboutir la révolution et qui a fini par l’accès au pouvoir de l’actuel promoteur du grand changement au niveau de l’Armée Malagasy qui est le Président de la République, Andry Nirina Rajoelina.
