Tahisy : Une histoire d’amour…mais quel amour ?

A quelques jours avant la Saint-Valentin, une histoire d’amour des plus déchirantes anime les chroniques des différents réseaux sociaux malgaches. Le récit est celui d’une jeune femme âgée de 22 ans qui a péri avec son nourrisson suite à la difficulté de couche et la fatigue résultant des maltraitances physiques et morales qu’elle a subi de son partenaire.

La toile s’enflamme, le compagnon de la défunte subit très vite les lynchages des internautes touchés par le drame qui a coûté la vie à la jeune Tahisy. Sa photographie partagée à maintes reprises  est vite devenue la plus célèbre du moment. Ses actes sont disséqués, analysés par les « facebookers » qui raffolent de cette histoire. On en a même oublié que les derniers mots de la défunte était un message de paix et d’amour à l’endroit de son bien-aimé.

A quelques jours de la Saint-Valentin, une histoire d’amour a été révélée mais la société malgache est-elle capable d’en tirer les enseignements ?  Les histoires d’amour peuvent devenir tragiques – les histoires comme celle de Juliette et Roméo, Rodrigue et Chimène dans le Cid en sont la preuve – comme elles peuvent parfois finir bien et ce ne sont  pas les exemples qui manquent. Le souci avec la société moderne c’est qu’on ne prend que les deux extrémités comme modèles : si on ne fait pas lire Le Cid à nos enfants, on les berce avec des contes de fée.

L’histoire de Tahisy ressemble à celle de milliers de jeunes malgaches à qui on a appris à tort et à travers que  « toka-trano tsy ahahaka » (on garde pour soi les secrets de notre foyer), ou le pire qui soit « izay maharitra vadin’andriana » (seuls ceux qui endurent peuvent épouser les nobles). Mais de quelle noblesse on parle ? Il est temps de remettre en cause le fondement même de l’éducation morale et la manière d’inculquer des valeurs à nos filles. Marteler à une fille qu’elle ne pourrait s’en sortir dans la vie qu’au crochet d’un mari tuteur favorise amplement cette mauvaise pratique.

C’est la saint-valentin,  et au lieu de parler d’amours inconditionnels et autres balivernes, il est temps d’apprendre à nos femmes le concept de l’amour propre et de la dignité de soi. Leur apprendre de partir au lieu de subir, apprendre à devenir quelqu’un par ses propres moyens.

Les publications qu’elle a faites sur les réseaux ont été la preuve qu’à plusieurs reprises elle a lancé un appel au secours. Des alarmes qui ont sonné creux dans une société qui ne réagit qu’aux drames irréparables.

On parle de l’amour alors parlons de l’amour pour notre prochain. Il est plus que temps que chacun de nous voit la Tahisy qui est en l’autre, lui tendre la main pour lui dire qu’il est possible d’arranger la situation. Il est possible d’éviter les drames en amour. Il faut juste le vouloir.                        

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